Absentéisme : Le baromètre Alma Consulting Group constate une stabilisation

Le nombre de jours d’absence des salariés du secteur privé s’est maintenu à un niveau élevé en 2013 à 15,6 jours en moyenne par salarié, à comparer aux 16,6 jours enregistrés en 2012. Le taux d’absentéisme national atteint donc 4,26%, soit un léger tassement (-6%) par rapport à 2012. Dans le même temps, les entreprises ont recouru plus souvent que l’année précédente au remplacement des absents, ce qui a alourdi leurs charges de 1,7%. En effet, le coût de l’absentéisme, rapporté à la masse salariale nationale du secteur privé, serait passé de 6,98 Mds€ en 2012 à 8,8 Mds€ en 2013.

 

Nouveauté de ce 6ème baromètre C’est ce qui ressort du 6ème Baromètre Alma CG sur l’absentéisme réalisé avec l’appui de l’Institut CSA entre le 2 avril et le 21 mai : pour compléter son étude chiffrée et affiner son analyse des ressorts de l’absentéisme, Alma Consulting Group a interrogé cette année simultanément 252 Directeurs des Ressources Humaines d’entreprises du secteur privé et 587 salariés représentatifs de la population active française.

Ce complément d’enquête a pour la 1ère fois permis de sonder les uns et les autres sur leur perception des mécanismes de l’absentéisme et sur les solutions qu’ils jugent efficaces pour y remédier et susciter une plus grande motivation au travail.

 

REGARDS CROISES DES SALARIES ET DES DRH SUR LA RELATION AU TRAVAIL

 

Tout d’abord, des salariés attachés à leur travail plus qu’à leur entreprise . Huit salariés sur 10 sont attachés à leur travail, et bien plus encore qu’à l’entreprise qui les emploie. 40% des salariés interrogés se disent motivés dans leur travail alors que 10% d’entre eux indiquent une motivation inférieure à la moyenne.

De leur côté, les DRH interrogés considèrent que le niveau d’engagement est resté stable en 2013. Ils l’estiment plus fort chez les cadres que chez les employés et ouvriers, ce que contredit l’enquête auprès des salariés. En effet, il ressort qu’un salarié sur trois a un niveau de motivation « moyen », et ce, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle à laquelle il appartient.

Les DRH placent « l’absence » au premier rang des indicateurs d’alerte de désengagement (13% des répondants), avant la « moindre qualité du travail » et le fait de « faire juste son travail » (12%), les derniers signes cités étant les « pauses répétées » et les « retards » (11%).

Les salariés, quant à eux, citent ces facteurs dans l’ordre inverse et placent en tête « la baisse d’attention à la qualité du travail » et le fait de « faire juste son travail » (22%), puis « l’utilisation de son temps de travail pour d’autres tâches » (12%) et, enfin, « l’absence »(11%).

 

Selon Yannick Jarlaud, directeur commercial et marketing de la business unit Alma Performances RH, « L’absentéisme dans une organisation a généralement des causes multiples. Toutefois, à l’origine, on observe systématiquement chez les salariés un manque d’adhésion au projet et une perte de confiance dans l’entreprise. L’absentéisme est donc l’un des meilleurs indicateurs du niveau d’engagement et de motivation des salariés. »

 

EMPLOYEURS ET SALARIÉS SE REJOIGNENT SUR LES PRINCIPALES CAUSES D’ABSENTÉISME

 

Invités à citer les principaux facteurs d’absentéisme au travail, employeurs et salariés sont pour l’essentiel en phase. Parmi les raisons mises en avant, ils privilégient deux séries de facteurs :

– les facteurs personnels liés à l’état de santé du salarié (cités par 67% des DRH et 68% des salariés) et à sa situation personnelle (32% des employeurs et 16% des salariés),

– les facteurs collectifs propres aux conditions et à l’organisation du travail dans l’entreprise, et, en particulier, le manque de reconnaissance du travail (22% vs 16%) et l’absence de solidarité au sein des équipes (20% vs 12%).

« Les entreprises qui ont mis en place des actions de prévention de l’absentéisme et obtenu des résultats significatifs savent bien qu’un niveau d’absentéisme est principalement lié à des facteurs internes à l’organisation (organisation du travail, cohésion sociale, conditions de travail, management,…) qu’à des facteurs externes (raisons personnelles, générations,… » selon Yannick Jarlaud.

 

Les uns comme les autres reconnaissent la part élevée de salariés « toujours présents »

Le pourcentage de salariés n’ayant eu aucune absence pour maladie, accident de travail, accident de trajet ou maladie professionnelle s’améliore entre 2012 (51%) et 2013 (55% soit +4 points), confirmant que l’absentéisme n’est pas généralisé dans la population salariée française.

Les salariés, partant de l’évaluation de leur propre absence, estiment à 71% en 2013 le taux de toujours présents. L’enquête fait donc ressortir un écart de 16 points entre la vision des salariés et celle des DRH.

« Ce résultat n’est pas surprenant. Nous constatons régulièrement dans nos entretiens de terrain que les salariés oublient souvent leurs propres évènements d’absence. Cela signifie beaucoup sur la perception individuelle et collective du phénomène et l’importance qu’ils y accordent » commente Yannick Jarlaud. Si employeurs et salariés se retrouvent sur une vision dégradée du contexte économique et sur son impact sur les résultats financiers de leur entreprise, la perception qu’ils ont du climat social dans lequel ils évoluent est diamétralement opposée puisque 54% des salariés le jugent moyen à médiocre, alors que 63% des DRH le qualifient de bon, voire très bon.

«Quand on sait à quel point le climat social d’une entreprise pèse sur son niveau d’absentéisme, cet écart de perception entre salariés et direction apparaît comme un point clé. Les points de vue varient sensiblement en fonction de la position et du rôle de chaque individu dans l’entreprise. Il est donc nécessaire d’établir un diagnostic réaliste de la situation de l’entreprise pour pouvoir agir efficacement sur le niveau d’absentéisme et d’engagement des salariés » insiste Yannick Jarlaud.

 

LES CHIFFRES CLES DU BAROMETRE

◾Le secteur du transport a affiché le plus fort taux d’absentéisme (6,76%), soit 24,7 jours d’absence en moyenne, à comparer aux 4,92% enregistrés un an plus tôt.

Il est en de même pour celui de la santé, où le taux d’absentéisme atteignait 5,9% (vs 5,37% en 2012).

A l’inverse, le Bâtiment (2,95%) et l’industrie (3,43%) stabilisaient leur taux d’absentéisme à u niveau sensiblement inférieur à celui de la moyenne nationale.

◾Les régions Méditerranée (6,44%) et Rhône-Alpes (5,2 1%) ont l’absentéisme le plus élevé, même si les régions Nord et Ile de France affichent elles aussi un niveau très soutenu (4,7%).

◾Les ouvriers sont les plus absents (4,4%), avec un taux de remplacement de 93%. A l’opposé, les cadres affichent un taux d’absence très bas (2,14%) et ne sont remplacés que dans 28% des cas.

◾ En raison de ce fort taux de remplacement, le coût moyen de l’absentéisme dans le secteur privé en 2013 s’est élevé à 1,7% de la masse salariale des entreprises. Rapporté à la masse salariale nationale du secteur privé, l’absentéisme en 2013 aurait coûté 8,83 Mds€ aux entreprises françaises, à comparer aux 6,98 Mds€ enregistrés en 2012.

◾Enfin, les salariés les plus âgés sont plus touchés par la maladie. Non pas qu’ils soient plus absents que les plus jeunes, mais leurs absences sont plus longues. Ce qui porte leur taux d’absentéisme moyen pour cause de maladie à 6,18% contre 2,83% chez les moins de 30 ans. Un phénomène qui inquiète d’ailleurs les employeurs face à l’allongement de la vie professionnelle.

 

 

 

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