PARIS, 30 novembre 2016 (AFP) – La justice « s’est rangée du côté des puissants » en condamnant d’anciens salariés d’Air France dans l’affaire de la « chemise arrachée », a estimé mercredi la CGT, le syndicat FO de la compagnie y voyant une « criminalisation de l’activité syndicale ».
Trois ex-salariés d’Air France, des militants CGT accusés d’avoir agressé deux hauts cadres lors d’une manifestation en octobre 2015, ont été condamnés à des peines de 3 à 4 mois de prison avec sursis par le tribunal de Bobigny, qui a relaxé deux autres prévenus.
« La justice n’est pas indépendante, elle s’est rangée du côté des puissants », a commenté auprès de l’AFP Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France.
« Le jugement est loin d’être satisfaisant » car « il était censé faire la lumière » sur la manifestation à Roissy, au cours de laquelle Xavier Broseta, le DRH à l’époque, et le responsable long courrier ont été molestés, leur chemise arrachée. « Et là, ce n’est pas le cas », déplore-t-il, rappelant les propos du président du tribunal selon lequel « les images ne peuvent être qu’interprétables ».
« C’est une décision politique » qui marque « une volonté de faire un exemple, et ça on ne l’accepte pas », a ajouté Mehdi Kemoune, numéro deux de la CGT Air France.
Le syndicat FO d’Air France est également insatisfait du jugement rendu.
Les peines prononcées constituent « une reconnaissance de la +criminalisation+ de l’activité syndicale », a déploré auprès de l’AFP Christophe Malloggi, numéro un du syndicat, qui réclamait la relaxe pour tous.
Les prévenus avaient manifesté « pour exprimer un ras-le-bol » face à un nouveau plan prévoyant 2.900 suppressions d’emplois « et ils se trouvent condamnés », après avoir « déjà été sanctionnés au niveau de l’entreprise », rappelle-t-il. Quatre des cinq prévenus ont été licenciés suite aux événements.
Pour Vincent Martinez, ancien délégué du personnel (CGT) condamné à trois mois de prison avec sursis, le jugement est « sans surprise ». « Il ne me choque pas, c’est pas ce qu’il y a de plus grave », dit-il à l’AFP, jugeant en revanche « excessifs » les « près de 3.000 euros » de dommages et intérêts dus à l’agent de sécurité qu’il a reconnu avoir bousculé ce jour-là.
Il se donne « un petit temps de réflexion » avant d’éventuellement faire appel. Mais sa priorité est désormais de se « reconcentrer » sur sa vie professionnelle, « avec toujours l’envie d’être réintégré par Air France ». Une procédure administrative est en cours à ce sujet.
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