
Loin de la petite musique paresseusement reprise par des représentants d’organisations d’employeurs et des dirigeants politiques, une étude de la Dares montre qu’un pourcentage non négligeable d’ayant droit ne recourt même pas à l’indemnisation à laquelle elle peut pr&étendre. L’enquête, réalisée avec le concours de chercheurs de l’école d’économie de Paris dans le cadre de la chaire « Travail », situe entre 25 % et 42 % la part de l’effectif indemnisable concerné. C’est « un taux comparable à celui observé sur d’autres prestations sociales », indiquent les experts Carole Hentzgen, Chloé Parise, Kévin Savary et Émeline Limon. Ils soulignent aussi que les non-recourants sont surreprésentés chez les salariés en contrats courts, ont des durées cotisées plus faibles et retrouvent un peu plus vite un emploi. En gros, 390 000 à 690 000 personnes pourraient être indemnisées et ne le sont pas.
De fait, on distingue deux catégories : le non-recours par défaut d’information et celui qui s’explique par le défaut de sollicitation, notamment lorsque le montant d’allocation et durée d’indemnisation espérés trop faibles) . La non-demande pouvant aussi être due à un désintérêt lié à une anticipation de sortie rapide du chômage.
Prompte à réagir, la CGT juge que cette étude discrédite le discours ambiant : « le mythe des chômeurs grassement indemnisés et qui ne veulent pas travailler ne cessent de s’effondrer ». Le syndicat poursuit : « Depuis 2016, la CGT réclame une étude sur le non-recours au droit à l’assurance chômage, comme cela a été fait pour le RSA ou les allocations familiales. Grâce à un amendement dans la loi de 2018, le gouvernement devait ce rapport au parlement depuis fin 2020. Élisabeth Borne avait empêché sa sortie début 2022».