
L’augmentation des salaires se situera en moyenne autour de 3 % cette année. Du jamais vu depuis 10 ans, pronostique l’ Observatoire annuel de la performance sociale et des rémunérations qu’anime LHH. La société de conseil RH fait un état des lieux des politiques et pratiques salariales des entreprises. Plus de deux ans après le début de la crise sanitaire et une année 2021 marquée par un taux d’augmentation historiquement bas, les entreprises ont confirmé leur volonté d’accroître leur effort en réponse au contexte inflationniste.
Evalué à 2,5 % en janvier dernier, le budget des négociation annuelles obligatoires (NAO) ) atteint 3 % pour l’année. L’étude précise que « cette tendance semble s’inscrire dans la durée, avec des prévisions pour 2023 à 3,5 % et l’adoption de mesures plus larges pour préserver le pouvoir d’achat des salariés ». Et cela se vérifie dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, les entreprises industrielles ont alloué un budget qui, reste supérieur aux autres secteurs, soit 3,15 % en 2022 (contre 1,5 % en 2021, avec des prévisions annoncées à 2,8 % en janvier 2022). De son côté, le tertiaire financier reste inférieur avec 2.5 %, mais avec une nette augmentation par rapport à 2021 (1,4 %) et aux prévisions (2 %). Les autres activités se situent dans la moyenne des budgets alloués en France : soit 3 % (contre 1,6 % en 2021 et des prévisions initiales de 1,9 % pour 2022). L’informatique, secteur qui connaît de fortes tensions, se détache avec un taux de 4 %.
Par ailleurs, note LHH, ce taux d’augmentation s’applique à toutes les catégories, avec le plébiscite cette année des augmentations générales, au taux médian de 2,11 % pour répondre à la baisse du pouvoir d’achat et aux tensions du marché. Les mesures générales concernent plus de 71 % des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise et près de 47 % des cadres. De façon exceptionnelle, les taux d’augmentation générales atteignent le même niveau que les augmentations individuelles pour les cadres avec 2 %.Les augmentations individuelles sont moindres avec un taux médian de 1,66 %. Elles concernent 67 % des Ouvrier/Employés, 84 % des techniciens et agents de maîtrise, et 91 % dec Cadres.
La hausse se prolongera en 2023 avec des prévisions d’augmentation des salaires à hauteur de 3,5 %. Par secteur, ce taux est à différencier avec une tendance sensiblement différente des années passées. près des années à taux records, l’Industrie montre des prévisions dans la moyenne à 3,5 %, mesures de prudence face aux conditions économiques dégradées du fait de la hausse du coût des matières premières. À l’inverse, le secteur tertiaire financier réhausse ses pratiques avec des prévisions qui atteignent 3,65 %, dépassant l’industrie. Ceci montre une prise en compte plus significative de l’impact social de l’inflation sur le pouvoir d’achat, en lien avec les revendications connues ces derniers mois. Les autres secteurs annoncent un taux médian de 4 %, avec notamment l’informatique dont le taux prévu s’élève à 5 %.
En 2023, les ouvriers et les employés bénéficieront des plus fortes augmentations avec 4 % de taux global et 3,5 % pour les techniciens, les agents de maîtrise et les cadres. Les budgets d’augmentations sont également marqués par un rééquilibrage entre les augmentations générales et individuelles. Les augmentations individuelles seront de nouveau privilégiées pour les cadres en 2023.Les orientations 2023 traduisent ainsi l’équation complexe que les entreprises doivent résoudre avec 3 enjeux majeurs qui se confrontent selon les branches. Primo, la tension du climat social face aux effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des salariés, donnant lieu à de fortes attentes et revendications. Secundo, la tension du marché de l’emploi et le besoin de retenir, attirer et motiver les compétences en quantité et qualité pour soutenir l’activité, notamment pour les métiers techniques, d’experts et digitaux. Tertio, l’impact de la hausse des coûts pour les entreprises, concernant les matières premières.
Au-delà du salaire de base, les entreprises abordent la rémunération dans une logique de mesures globales, avec le déploiement d’autres dispositifs en faveur du pouvoir d’achat. En 2022, les employeurs ont ainsi développé des mesures plus significatives et diversifiées que les années précédentes pour faire face au contexte économique et social. Résultat : 13 % des entreprises avaient prévu une clause de revoyure et ont été amenées à renégocier le budget alloué initialement face au contexte économique et social. Par ailleurs, 57 % des entreprises ont adopté des mesures spécifiques en faveur du pouvoir d’achat, avec notamment des montants de primes défiscalisées plus forts que les années précédentes. En outre, 42 % des entreprises ont adopté des mesures d’aide pour faire face à la hausse du carburant (primes énergie, participation transport, prime mobilité, etc.).
Pour 2023, d’autres mesures ou évolutions sont déjà annoncées pour 31 % des entreprises, avec des budgets dédiés aux mobilités et promotions pour 38 % des entreprises, à l’égalité hommes/femmes, des dispositifs d’intéressement, des primes ou encore la revalorisation du titre restaurant.
L’enquête a été menée auprès de 180 employant plus d’un million de salariés de tous secteurs et de toutes , tailles.