Questions directes au président et au vice président de l’Observatoire des métiers dans les professions libérales.
Alors que le rapport sur les professions libérales enflamme le débat, le représentant de l’UNAPL et celui de la CGT sont unanimes pour réclamer une concertation avant toute décision. L’équilibre de tout un secteur est en jeu, disent-ils.
Patrick Guebels : une grande partie des professions libérales dispose d’une délégation de service public, assortie de conditions précises qu’elles respectent. Parmi elles, certaines, mais pas toutes, ont des tarifs préétablis, mais ils sont définis en concertation avec l’Etat. Par exemple, les tarifs des huissiers sont fixés par la chancellerie. Pour les autres professions, les rémunérations des services sont libres mais la concurrence joue, et ceci d’autant plus en ces périodes de difficultés économiques. Nous comprenons donc mal les déclarations vives faites par le ministre qui peuvent mettre en péril l’équilibre économique et social du secteur libéral.
Le poids économique des professions libérales a été évoqué. Que représentent-elles en termes d’emplois ?
Patrick Guebels : Le gouvernement réagit comme si les pharmacies d’officine, les cabinets et cliniques vétérinaires ou encore les cabinets de géomètres-experts fonctionnaient uniquement sous forme d’entreprises unipersonnelles. Les treize branches représentées au sein de l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) représentent 102 000 entreprises. Elles emploient 448 000 salariés, dont 86% en CDI et seulement 19% à temps partiel. Et il faut préciser que parmi ces temps partiels, plus des trois quarts ont choisi ce rythme. Et le taux de chômage dans nos branches est inférieur de quatre points à la moyenne nationale. J’ajouterai à cela la valeur ajoutée que dégagent les entreprises membres de l’OMPL : 51mds€, sachant que nous représentons environ 45% de l’ensemble des professions libérales.
Le secteur est-il créateur d’emploi ?
Pierre-Marie Dieu, vice-Président (CGT) : en tout cas, il n’en perd pas. Ce qui n’est pas négligeable, dans le contexte actuel. Ce pourrait être le cas si certaines professions perdent leur monopole. Il n’est pas question de s’opposer à toute réforme, mais nous déplorons le manque de concertation avec les professionnels. En particulier, l’observatoire, paritaire, qui suit depuis une dizaine d’années l’évolution des métiers et des besoins du public peut apporter des éclairages.
Qu’ attendez-vous du gouvernement ?
Pierre-Marie Dieu : Qu’il consulte les employeurs et les salariés directement concernés. Aussi bien les branches de l’OMPL que l’ensemble de la profession qui pèse, il faut le souligner environ 1million d’emplois.
Avez-vous été en contact avec Arnaud Montebourg ?
Patrick Guebels : Le rapport prônant une réforme unilatérale est encore frais et nous prenons le temps d’analyser les déclarations du ministre, sans nous lancer dans la polémique. Nous prendrons contact avec son cabinet dans les prochains jours, dans un esprit ouvert.
Treize branches réunies dans un Opca et un observatoire communs
Treize branches professionnelles ont rejoint l’OMPL : les études d’administrateurs et mandataires judiciaires, les entreprises d’architecture, les cabinets d’avocats, les cabinets dentaires, les offices de commissaires priseurs judiciaires et sociétés de ventes volontaires, les entreprises d’économistes de la construction, les cabinets d’experts en automobile, les cabinets de géomètres experts – topographes – photogrammètres – experts fonciers, les laboratoires de biologie médicale, les cabinets médicaux, les études d’huissiers de justice, les pharmacies d’officine et les cabinets et cliniques vétérinaires.