
L’enquête du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), signée Elsa Boulet, docteure en sociologie (photo), est formelle : la maternité a un impact lourd sur le parcours professionnel des femmes. Une sur dix actives pendant la grossesse n’est plus en emploi au moment de la naissance. Qualitative, l’analyse s’appuie sur une estimation statistique datant de 2016, mais toujours d’actualité. Elle indique en outre que les sorties d’emploi sont plus fréquentes parmi les femmes peu qualifiées, qui occupent des postes d’exécution, qui ont des revenus faibles ou qui sont migrantes.
Dans neuf cas sur dix, les femmes sorties de l’emploi se déclarent au chômage ou en recherche d’emploi, ce qui laisse penser qu’elles envisagent l’interruption de leur activité comme une situation temporaire et par défaut.
Ces sorties d’emploi sont à replacer dans la dynamique des rapports de force au sein du couple et au sein de la sphère professionnelle. Les mesures légales visant à favoriser le maintien en emploi des femmes enceintes ne changent pas la donne.
« Tout se passe donc comme si la grossesse exacerbait des inégalités déjà présentes. Parmi les salariées, celles qui cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité sont significativement plus nombreuses à sortir de l’emploi pendant la grossesse », souligne le CEET.