
L’Institut Montaigne consacre une étude au paradoxe du marché de l’emploi dans la Métropole Européenne de Lille (MEL). Ce territoire estéconomiquement dynamique mais souffre d’un contexte social particulièrement dégradé par endroits. Il y a dixit le thin tank, « un fort degré d’interventions publiques et d’acteurs en matière d’emploi mais un manque d’efficacité et de lisibilité des actions menées ». L’institut formule aux pouvoirs publics et aux décideurs locaux, quatre recommandations pour remédier à la situation. .
Recommandation n°1 : Mobiliser l’ensemble des acteurs de l’emploi autour de la promotion d’une identité industrielle forte et moderne pour favoriser l’attractivité de l’emploi : candidater au dispositif “Territoires d’industrie” qui permettrait de bénéficier d’aides financières et d’investir dans le volontariat territorial en entreprise (VTE), pour attirer les étudiants et jeunes diplômés en leur proposant des postes à responsabilité dans les PME et ETI.
L’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi dans la MEL s’explique par l’inadéquation des compétences, le manque de main d’œuvre et le manque d’attractivité des conditions de travail, créant de fortes tensions de recrutement dans certaines filières. La diversification des secteurs économiques a fait émerger des besoins en compétences nouveaux, qui n’ont pas été suffisamment anticipés et manquent encore de vision prospective pour penser une véritable stratégie territoriale de l’emploi.
Recommandation n°2 : Structurer un dialogue social territorial (DST), et par le recours au droit à l’expérimentation, permettre aux partenaires sociaux de négocier des accords intersectoriels au niveau local, pour mieux mobiliser les compétences existantes et favoriser la création de nouvelles offres. Ce DST pourrait prendre la forme d’un “dialogue social normatif” permettant aux partenaires sociaux de négocier des accords interprofessionnels locaux – cette mesure constituerait une véritable innovation en droit du travail qui n’accorde pas, en principe, de valeur juridique à la négociation locale intersectorielle – ou d’un “dialogue social de propositions d’actions”.
Le faible nombre de création d’offres d’emploi dans les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV) du territoire masque l’existence d’activités de l’économie informelle (garages de rue, cantines de quartier…). Souvent exercées par des publics “invisibles”, elles fournissent des services d’utilité sociale à bas prix pour leurs habitants. Parallèlement, le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) s’est fortement développé en réponse aux mêmes besoins.
Recommandation n°3 : Valoriser certaines activités exercées dans le cadre de l’économie informelle pour rapprocher de l’emploi les publics qui en sont les plus éloignés, notamment en encourageant la création collective d’activités et de projets pour structurer l’économie informelle et en développant l’accompagnement individuel dans l’emploi salarié par la valorisation des acquis de l’expérience professionnelle (VAE).
Recommandation n°4 : Créer un site d’excellence autour de l’économie sociale et solidaire pour favoriser la création individuelle d’entreprises par les demandeurs d’emploi, au travers du Pôle Territorial de Coopération économique (PTCE).