La fin d’un mythe : la participation au capital ne fait plus rêver les salariés des start-up

Sur le papier, les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE) attribués gratuitement aux salariés qui rejoignent les jeunes pousses sont des avantages en or.  Leur détention permet de souscrire des actions à l’issue d’une période déterminée et à un prix fixé à l’avance. Bref,’une sorte de bon d’achat qui peut rapporter très gros si la startup concernée grossit vite et bien. Le mécanisme est largement favorisé par la législation, depuis 2020.La réalité est autre, à en juger par l’enquête que publie ce 28 juin Caption, plateforme d’achat et de vente d’actions des stars de la French Tech .

 

 

Pour les start-ups, les conclusions de l’enquête sont alarmantes. Les collaborateurs bénéficiaires jugent la gestion des BSPCE « opaque et injuste » au sein de leur société. Seuls 36 % d’entre eux négocient leur contrat de BSPCE. Ce n’est pas faute d’information. Plus de 62 % disent être au fait des mécanismes intrinsèques aux BSPCE (attribution, vesting, prix d’exercice, etc.). En outre, plus de 53 % ont pris le temps de lire intégralement la documentation juridique attachée à leurs BSPCE, et en ont donc une bonne connaissance.

 

De fait, les intéressés comprennent rapidement que leurs BSPCE ont peu de chance d’être “liquides” un jour et de matérialiser par un vrai gain. 70 % d’entre eux n’ont d’ailleurs jamais exercé leurs BSPCE. Lors de leur entrée en poste, ils préfèrent donc négocier un bon salaire dont la réalité est bien plus palpable.

 

« Malgré leur volonté de participer au capital de leur société, et donc d’aligner leurs intérêts notamment avec ceux des fondateurs, les collaborateurs jugent négativement la manière dont les plans d’intéressement sont établis au sein de leur start-up », souligne l’étude Caption. Plus de 67 % estiment que l’actionnariat salarié n’est pas géré de façon juste et transparente dans leur entreprise.

 

Ce déficit de confiance a des conséquences lourdes pour les recruteurs. À commencer par un déficit d’attractivité. Pour preuve, 68 % des salariés sondés refusent catégoriquement d’intégrer une start-up qui inclurait dans leur contrat une clause empêchant le libre exercice ou la revente de leurs actions (clause d’agrément, lockup, etc.), pratique pourtant de plus en plus.

 

Face à l’émergence de licornes et des startup valorisées plusieurs centaines de millions d’euros, les salariés souhaitent à leur tour capter la valeur créée par leur travail. 78 % des sondés souhaitent pouvoir convertir leurs BSPCE en espèces sonnantes et trébuchantes dans un laps de temps ne dépassant pas 5 ans. Contrairement à nos aînés qui restaient des dizaines d’années dans leur société, les sondés eux n’ont pas vocation à passer leur vie à travailler pour leur entreprise. huit employés sur 10 déclarent qu’ils resteront moins de cinq ans dans leur société, d’où la nécessité d’adapter rapidement des plans d’intéressement pour motiver ses forces vives à s’impliquer le plus longtemps possible dans la réussite de leur startup..