La vérité sur l’état du dialogue social dans les entreprises

Pour cette édition de cette étude sur l’état du dialogue social dans les entreprises, l’Ifop a interrogé pour le compte de Syndex, , spécialiste de l’accompagnement des élus du personnel quelque 1308 salariés, 917 représentants des salariés et 410 chefs d’entreprise et DRH, fin 2022. Cette phase quantitative a été complétée par des entretiens qualitatifs avec des représentants du personnel (RP).

Dirigeants et salariés ne partagent pas la même perception du dialogue social dans leur organisation. Les premiers l’ évaluent positivement, lui attribuant une note flatteuse de 7,8/10. Les salariés et les représentants du personnel sont plus circonspects. Ils jugent le niveau et la qualité des échanges « moyens ». De fait, 86 % des RP affichent un état d’esprit négatif. Près de 60 % d’entre eux se disent toujours fatigués , un sur deux est inquiet, quatre sur dix sont carrément déçus, et un tiers est en colère. Motifs principaux: l’affaiblissement du poids des instances représentatives face à la direction ; accroissement de l’investissement temps nécessaire, ordre du jour trop chargé lors de séances où les sujets sont survolés. Résultat : 77% des représentants du personnel souhaitent renégocier leurs moyens qui leur sont dévolus par l’employeur.

 

Malgré ces difficultés, les comité sociaux et économiques ont bonne presse. Pour preuve, deux tiers des salariés déclarent en avoir une bonne image. Syndex souligne que ce score reste stable depuis deux ans. Les collaborateurs sont 73% à déclarer connaître au moins un membre du CSE de leur entreprise. En outre, 83% disent vouloir voter aux prochaines élections professionnelles. Pourtant, note l’étude, la très grande majorité des instances (93%) peine à recruter de nouveaux élus ». Autrement dit, la relève s’annonce difficile à préparer. Sachant qu’un représentant sur quatre n’a pas l’intention de se représenter aux prochaines élections des représentants du personnel dans son entreprise, principalement en raison du temps nécessité par la fonction (43%), pour cause de départ à la retraite (37%) ou en raison du manque de considération  par la direction (32%).

 

Dans un autre registre, il ressort de l’enquête que le CSE ne s’est pas encore saisi de ses nouvelles prérogatives environnementales. Près de 74% des RP estiment que leur CSE ne s’est pas encore saisi de ses nouvelles prérogatives environnementales, plus de la moitié priorise d’autres sujets (56%). Près de la moitié des intéressés déclarent que c’est un sujet qui requiert une expertise particulière et qu’aucune formation n’a eu lieu dans l’entreprise. Les représentants voient dans les prérogatives environnementales une opportunité pour le dialogue social, mais aussi du travail en plus et une nouvelle expertise à acquérir. Ils sont 26% à se sentir bien ou très bien informés sur le sujet, un chiffre en hausse de 10 points en un an.

 

Pour Claire Morel, membre du comité de direction de la Scop Syndex, « Le dialogue social est le reflet des mutations en cours. Le CSE souffre de fragilités liées aux ordonnances mais également aux transformations économiques et du monde du travail. Il y a une urgence dans ce contexte à obtenir une meilleure prise en compte des avis du comité social et économique et à redonner plus de moyens aux RP». Nicolas Weinstein, membre du comité de direction dela ScopSyndex, abonde : « deux sujets nous préoccupent:l’étude montreque 59% des RP interrogés jugent de mauvaise qualité laconfiance entre les participants au dialogue social dans leur entreprise,dans ce contexteilapparaît compliquéde créer un dialogue socialconstructif et équilibré.Parailleurs lemanque de candidats pour assurer la relève pourrait faire pencher la balance du dialogue socialencore davantage en faveur des directions, laissant peu de place à la défense organisée des intérêts des salariés.