Les entreprises peuvent accompagner les salariés victimes de violence conjugale

Les violences conjugales touchent toutes les couches de la société, sans distinction d’âge ou de profession. En 2021, les services de police et de gendarmerie font état de 208.000 victimes de violences conjugales (en hausse de 21 % par rapport à 2020), dont 87 % de femmes. La même année 122 féminicides ont été commis. Face à l’ampleur et l’urgence de la situation, les employeurs sont poussés à accompagner leurs salariés victimes. Mais le sujet relevant de la sphère privée, il n’est pas facile à appréhender par les entreprises.

 

« Notre travail consiste tout d’abord à former les DRH et les chefs d’entreprise afin qu’ils comprennent la mécanique des violences conjugales et qu’ils aient en tête les différents typologies de violences existantes. A savoir verbale, physique, sexuelle, économique ou encore administrative. Dans un second temps, l’entreprise doit être en mesure d’identifier les alertes : retard, des absences inexpliquées, une irritabilité soudaine, des pleurs. Et enfin, nous aidons les entreprises à agir avec des gestes qui peuvent sauve.! » insiste Julie Vaccaro, pyschologue clinicienne au sein de l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources, (IAPR), une structure du groupe Oasys qui aide les entreprises à détecter les signes évocateurs de violences conjugales et à orienter les salariés concernés.

 

Le premier pas pour gérer les violences conjugales est de les détecter. Les signes de violence conjugale peuvent être subtils et difficiles à détecter, mais ils existent. Des changements de comportement tels que des arrêts maladie fréquents, des absences inexpliquées, une irritabilité soudaine ou des pleurs peuvent être des signes d’alerte. Si un employeur détecte ces signes chez l’un de ses employés, il est conseillé de lui proposer un entretien pour lui dire qu’il s’inquiète et lui offrir un soutien. « Nous accompagnons les entreprises dans ces démarches car il ne faut pas que cet échange soit perçu comme un interrogatoire, mais plutôt comme une conversation calme et rassurante afin que le salarié en détresse se sente dans un climat de confiance » précise Marion Mendes, psychologue clinicienne au sein de l’IAPR. Le travail peut être une bouée de sauvetage pour la victime. Les entreprises doivent se montrer bienveillantes et solidaires envers les victimes de violences conjugales, tout en respectant leur choix et leur autonomie. Il ne s’agit pas de juger, mais plutôt d’accompagner et de soutenir les personnes concernées.

 

Les 5 conduites à tenir, selon l’IAPR

1. Ne pas isoler la victime : il est important de ne pas exclure la victime de son travail, car le lieu de travail peut être un refuge pour elle. Il est donc essentiel de la maintenir dans son poste si elle le souhaite, tout en veillant à sa sécurité et en adaptant ses horaires ou ses tâches si nécessaire.

2. Amener la victime à agir : sauf en cas de violence physique avérée, l’objectif est d’amener la victime à agir en lui proposant des solutions. Il est donc important de ne pas penser savoir mieux que la victime ce dont elle a besoin, mais plutôt de lui donner des options et de la soutenir dans ses choix.

3. Se renseigner sur les ressources de la personne : il est important de se renseigner sur les ressources dont dispose la victime, comme sa famille, ses amis, ses collègues, son médecin traitant, etc. Cela permettra de mieux l’aider et de mieux adapter les solutions proposées.

4. Prendre rendez-vous chez le médecin du travail : il est important de prendre rendez-vous chez le médecin du travail pour la personne, afin de mieux comprendre les conséquences des violences conjugales sur sa santé physique et psychologique, et de mettre en place des actions adaptées.

5. Faire un signalement : si la situation est jugée dangereuse, il est important de faire un signalement auprès des autorités compétentes (police, gendarmerie) pour protéger la victime et lui permettre de sortir de cette situation difficile