A bout de nerfs, d’arguments ou ressources, les usagers de Pôle emploi sont de plus en plus nombreux à agresser physiquement les agents à leur service. Une tendance que déplore autant le DG, Jean Bassères, que les syndicats. Selon l’article 47 de la convention nationale de branche, l’établissement est « tenu de protéger ses collaborateurs contre les menaces, violences, voies de fait, injures, discriminations, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à raison de leurs fonctions ou de leur appartenance à Pôle emploi ». Mieux, le service public doit réparer, le cas échéant, le préjudice déterminé en justice.
Dans ce cadre, 115 dossiers de protection fonctionnelle ont été ouvert en 2013, contre 104 l’année précédente et 103 en 2013. Le phénomène va donc crescendo. Il se situe en bonne place parmi les risques professionnels identifiés, figurant dans le document unique de la structure. Loin de laisser faire, la direction a pris des mesures énergiques. D’abord en interne, via des formations à destination des managers de proximité et des responsables régionaux chargés de la sécurité. On y analyse les causes, les règles opérationnelles de prévention et la réglementation afférente.
Pôle emploi s’est aussi doté d’un plan spécifique. Budget global : 7,3M€ l’année dernière. S’y ajoutent des moyens humains conséquents : au moins un responsable securité des personnes et des biens par région et au total 46 agents (équivalents emps plein) pour les établissements régionaux. En outre, les correspondants locaux de sécurité sont désignés : ils sont 1174 au niveau du territoire. La direction et les CHSCT se livrent à une étude fine des différentes agressions. Les attaques verbales (70%) restent les plus fréquentes. Si elles n’entraînent pas de dommages corporels, elles peuvent s’avérer extrêmement traumatisantes. Suivent les agressions comportementales : harcèlement, chantage, tapage, destruction de matériels, obstrution des locaux représentent 12 % des dérives.
Au chapitre des incivilités, que Pôle emploi partage avec les agences bancaires, on recense ainsi le manque manifeste de politesse, la grossièreté envers les autres usagers ou personnels présents, etc. Enfin, l’agression physique, étape ultime caractérisée par des coups et blessures (10 % des incidents).
Au total, l’année dernière, les agences ont recensé 8442 cas, dont 460 qualifiés de « non déterminés » et qui cumulent plusieurs formes d’actes indignes. Et tout est prétexte : l’indemnisation, le courrier non reçu ou dont les termes ne conviennent pas au destinataire, la notification de radiation, etc. Tout cela n’est pas sans effet sur le taux d’absentéisme pour maladie au sein du service public de l’emploi. Il est en forte hausse depuis deux ans, dans presque tous les centres.