La guérilla menée par les syndicats des ministères sociaux contre la nouvelle organisation territoriale de l’État (OTE) a un effet. L’administration s’est évertuée à élaborer un plan d’accompagnement. Laquelle conduira en 2020 à la fusion des Direccte et des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRDJSCS). Tout en impliquant une partie des équipes du ministère des Solidarités et de la Santé.
Sur les 20 000 agents des ministères concernés, la transformation touchera ceux chargés des politiques de l’emploi et du travail, à la notable exception de l’inspection du travail. Le changement impactera aussi leurs homologues affectés au soutien des affaires sanitaires et sociales. Le nombre de transfuges potentiels reste inconnu, l’organisation cible n’étant pas encore précisément définie.
La secrétaire générale des ministères sociaux, Sabine Fourcade, et le DRH, Pascal Bernard, ont signé avec une partie des syndicats (CFDT et Unsa sur le versant Travail, FO, Unsa, et CFDT aux Solidarités et à la Santé) un protocole d’accord qui ne laisse rien au hasard. Le tandem a surtout peaufiné les conditions de mobilité et de réaffectation. Les modalités financières sont cadenassées par le décret qui fige la “prime de restructuration de service” et l’indemnité de départ volontaire.
Un luxe de précautions sera déployé pour l’information collective et individuelle des transfuges. Ils bénéficieront de l’aide personnalisée des plateformes régionales d’appui aux RH et des conseillers mobilité carrière. Un confortable délai de réflexion et d’adaptation leur sera accordé avant leur affectation définitive. Les hésitants verront leur rétribution (salaire et rémunération accessoire) maintenus pendant six ans maximum. Il est même question de développer l’intelligence émotionnelle des encadrants et d’instaurer “un management bienveillant”, ainsi qu’une culture “qui favorise l’autonomie, suscite la créativité dans une logique d’intelligence collective”. L’administration s’engage à “faire preuve d’une vigilance renforcée quant à la qualité de vie au travail et à la prévention des risques psychosociaux”.
Ces résolutions font suite au rapport du cabinet Secafi sollicité pour étudier l’impact social de la réforme, la cinquième du genre en moins de dix ans. Le document alerte sur la lassitude psychologique, l’usure professionnelle, la perte de sens.
Pour SUD “cet accompagnement au rabais proposé ne compense pas la dégradation des conditions de travail”. La CGT qui voit dans l’OTE “une réforme pathogène pour les agents, porteuse d’insécurité socio-économique”, doute du volontariat et du droit au retour qui figurent dans les garanties données par l’administration. Sur la même longueur d’onde, la FSU n’accorde aucun crédit aux bonnes intentions.