Les négociations annuelles obligatoires (NAO) “commencent très mal”, chez Schneider Electric, estime la CFDT. Le syndicat croit savoir que “les directives viennent de la direction financière”.
À l’issue de deux petits rounds, les dés sont jetés, la direction entend consacrer aux valorisations une enveloppe totale de 1 %, répartie à égalité entre reconnaissance individuelle et augmentation générale. Pour faire bonne figure, elle rajoute 0,1 % au titre du comblement des écarts de rémunération injustifiés entre les femmes et les hommes. À cela s’ajouteraient de menus avantages liés au remboursement de divers frais.
Les négociateurs salariés s’étranglent : “Schneider ne veut pas reconnaître l’investissement et les efforts des salariés durant cette crise sanitaire”.
À la Banque Populaire où les tractations viennent de s’achever, le mécontentement est similaire. D’une même plume, la CFTC, la CFDT et l’Unsa s’adressent aux dirigeants de la maison mère, BPCE. D’un ton radical, elles déplorent “une négociation au rabais, irrespectueuse de l’engagement des salariés” malgré la pandémie. Les protestataires estiment avoir été raisonnables en revendiquant une hausse modérée de 0,5 % pour le personnel rétribué en dessous de 36 000 € annuels.
Leurs homologues de STMicro qui n’ont pas fait bouger leur direction en dépit d’un arrêt collectif de travail, cherchent le moyen de répliquer. La CGT, la CFDT et le CAD appellent les collaborateurs à boycotter l’enquête de climat interne alias Employee Survey que le groupe fait généralement figurer en vitrine pour attirer les jeunes talents. “La seule chose qui intéresse la direction, ce n’est pas votre avis, mais uniquement le taux de participation à l’enquête”.
Avant même d’entamer la discussion, les négociateurs salariés de Renault Trucks (groupe Volvo) s’attendent à un one man show de leur DRH. Celui-ci a programmé un seul round de discussion le 20 janvier, précédé d’une séance de “bilan” de la politique de rétribution menée en 2020. Subodorant l’oukase, la CGT réclame en vain une seconde réunion.
Les tiraillements constatés dans les entreprises contredisent les oracles des cabinets spécialisés. Ceux-ci prévoient pour 2021 des augmentations du même ordre que celles de l’an dernier, voire supérieures. Willis Towers Watson vient de publier les résultats de sa traditionnelle enquête Salary Budget Planning. Il en ressort que “les salaires en France devraient augmenter de 2,2 %, en moyenne”. D’après l’étude, “les DRH français abordent 2021 avec un optimisme prudent. Cela se traduit par des budgets légèrement plus élevés que ceux constatés en 2020”. La manne pourrait même être plus élevée pour “les meilleurs talents ayant des compétences rares”, précise le cabinet. Les syndicats voudraient bien y croire.