Après avoir vainement tenté de s’opposer à la transposition de la rupture conventionnelle collective dans les ser vices publics, les syndicats de fonctionnaires participent au groupe de travail réuni par la DGAFP pour plancher sur les conditions de sa mise en oeuvre. Le dispositif, inscrit dans la loi du 6 août 2019, s’appliquera à par tir du 1er janvier 2020. À titre expérimental et pendant cinq ans pour les titulaires, mais directement et sans rodage pour les agents contractuels recrutés en CDI.
La procédure ressemble furieusement à celle qui s’applique déjà dans le secteur privé. L’initiative pourra venir aussi bien de l’agent que de l’employeur, à condition d’être formulée par écrit.
Un premier échange formel sera organisé dans les huit jours. L’intéressé aura la faculté de se faire assister par un conseiller syndical, et rien n’empêchera les parties de convenir d’entretiens complémentaires, dans des conditions similaires. Le contenu des échanges et bien encadré : il portera notamment sur la date de cessation de fonction envisagée, les conséquences de la rupture, en particulier les obligations déontologiques qui s’imposeront au partant.
Comme dans le secteur privé, les deux parties pourront exercer un droit de rétractation valable 15 jours. Passé ce délai, le volontaire aura huit jours pour faire ses cartons.
Le principe d’une indemnité de rupture est bien inscrit dans la loi et le décret d’application en cours de finalisation devrait le confirmer. Un amendement du gouvernement glissé dans le projet de loi de finances pour 2020 prévoit la défiscalisation du pécule, et l’exemption de cotisation sociale au profit de l’employeur, à l’instar du traitement en vigueur dans les entreprises.
En revanche, l’exécutif n’a toujours pas indiqué le mode de calcul du viatique. S’agissant d’une séparation amiable, une marge devrait être laissée à la négociation, tout en veillant à ne pas créer des écarts importants à situation et rémunération comparables. Le problème se posera surtout pour les contractuels en CDI exerçant des métiers atypiques dans la fonction publique et pour le personnel soignant de la fonction publique hospitalière.
La DGAFP a flairé et anticipé le piège des ruptures en série. La même personne ne pourra pas cumuler des primes de départ en zappant d’un service ou d’un établissement public à l’autre. Un double verrou l’en empêchera.
Primo, lors de son embauche, tout agent devra attester sur l’honneur qu’il n’a pas bénéficié d’une indemnité de rupture conventionnelle de la part de l’État au cours des six années antérieures.
Secundo, le volontaire au départ qui aura empoché un golden good bye devra le rembourser s’il réintègre ultérieurement un service public. Il aura toutefois un délai maximum de deux ans pour le faire.