Le conseil de prud’hommes de Lannoy (59) tenait une séance inhabituelle, le 26 septembre dernier, dans un gymnase. Il examinait un différend opposant plus de 250 salariés d’Auchan à leur employeur. Les requérants, soutenus par FO, demandent la prise en charge intégrale de l’entretien des tenues de travail, imposées par l’employeur. La ristourne de 20€ par tête et par an (sous forme de bon d’achat) leur paraissait aussi illégale qu’insuffisante.
Deux jours plus tôt, emmenés par la CFDT, une centaine de leurs homologues, employés du concurrent Carrefour, réclamaient devant les prud’hommes d’Alençon (61) la régularisation de leur rémunération tombée en dessous du smic pour cause de changement de calcul du temps de pause. Le manque à gagner se situerait entre 1 et 2M€ par an, selon leur avocate, Élise Brand. La semaine précédente, dans un autre registre, un syndicat de pilotes, le Spaf, avait saisi en référé le tribunal correctionnel de Bobigny, demandant la condamnation d’Air France pour «détournement » de la loi Diard relative à l’encadrement du droit de grève. Leur avocat, Frédéric Weyl, estimait que la compagnie utilisait les déclarations individuelles des grévistes, contraints par la législation de 2012 de se déclarer 48 heures à l’avance, «pour tenir en échec le mouvement ». Le nombre de procédures groupées et orchestrés par les syndicats explose. La Fonction publique n’y échappe pas. Dans les services de l’État, plusieurs organisations de fonctionnaires ont saisi le Conseil d’État, contestant le décret sur le droit syndical qui attribue certains moyens, tels que la mise à disposition d’un local ou la tenue de réunions pendant les heures de service, aux seules formations ayant obtenu au moins un siège au comité technique du ministère concerné.
Dans l’administration territoriale, un litige entre la commune de Garges-lès-Gonesse (95) et une poignée d’agents appuyés par la CGT, portant sur l’introduction d’un contrôle biométrique, a atterri en justice. Non seulement ces conflits se multiplient, mais ils se durcissent. Comme en témoigne la section fédérale du commerce de FO, à l’instigation de son chef de file, Christophe Le Comte. L’organisation porte l’affaire du repos dominical devant l’OIT après avoir épuisé les recours nationaux. à Garges, le bras de fer a duré quatre ans, du tribunal administratif à la cour d’appel de Versailles, laquelle a désavoué l’employeur.
Dans la médiatique affaire du travail de nuit chez Sephora à Paris, l’enseigne n’a déposé les armes qu’après la décision défavorable rendue par la Cour de cassation, le 24 septembre dernier. On peut s’attendre à des prolongations dans les dossiers Carrefour et Auchan. En première instance, l’un sera tranché en décembre prochain, l’autre en mars 2015.