L’heure des choix stratégiques a sonné pour le régime de retraite complémentaire obligatoire Agric-Arrco. Les partenaires sociaux se retrouveront début avril pour entamer la négociation des orientations pour la période 2019-2022. Il s’agit principalement de définir de nouvelles règles de valorisation des pensions. La garantie minimale de points (GPM) qui servait d’étalon étant supprimée.
Une séance inaugurale réunie fin janvier a permis aux parties de partager un bilan de l ’accord signé en 2015. Lequel entérinait la fusion des ex-régimes cadres et non cadres, devenue effective au 1er janvier 2019.
L’attelage prend le départ avec le handicap d’une santé financière défaillante : l’exercice 2018 devrait se solder par un déficit de 1,8Md€, selon les chiffres provisoires publiés le 15 mars par l’institution. Les ressources, essentiellement constituées des cotisations, restent inférieures aux charges, c’est-à-dire aux pensions versées. Optimistes, les administrateurs veulent surtout retenir le colmatage partiel du trou vertigineux de 2,9Mds€ constaté en 2017. « Avec l’amélioration du résultat technique d’1Md€ par rapport à l’exercice précédent, l’Agirc-Arrco maintient son avance par rapport à la trajectoire prévue lors de la signature de l’accord de 2015 » fait savoir la gouvernance. Il y a quatre ans, elle anticipait un découvert de 2,3Mds€.
Toutefois, l’embellie risque d’être de courte durée. La bonne conjoncture économique qui dope les recettes faiblit. L’inflation reste scotchée à un niveau bas. Le ralentissement des départs en retraite, aidé par la peur du malus qui sera infligé à ceux qui partent avant 63 ans, aura une portée limitée à court terme. « Actuellement, les salariés cherchent à partir au plus tôt en retraite. Il faut attendre plusieurs années pour savoir si le système de bonus-malus instauré avec l’accord de 2015 et qui entre en vigueur influencera les comportements des salariés », observe Christel Bonnet, consultante retraite senior chez Mercer France.
La CGT demande carrément l’annulation de ce placebo. De son côté, la CFDT songe à réclamer la renégociation de ce dispositif. Même si le patronat a fait savoir qu’il ne saurait être question de remettre en cause un mécanisme élaboré dans une perspective de long terme, à l’horizon de 15 ans . Dans ce contexte, un nouveau serrage de boulons semble inévitable.
La négociation va se cristalliser autour de la répartition des efforts nécessaire pour sortir durablement du déficit. Les salariés ont vu leurs cotisations augmenter au 1er janvier 2019. À salaire égal, et pour une durée de cotisation supérieure, les plus jeunes actifs verront probablement leur pension complémentaire diminuer. Pour les syndicats, les ressources supplémentaires sont à trouver du côté des employeurs. Âpre marchandage en vue.