Le Premier ministre, Manuel Valls, s’apprête à ouvrir un grand chantier RH dans les administrations centrales. Il compte faire des secrétaires généraux des ministères « les interlocuteurs de premier rang de la direction générale de l’administration et de la Fonction publique» (DGAFP). Préalablement, il va commanditer «des travaux approfondis sur la faisabilité », vraisemblablement à l’inspection générale de l’administration, IGA.
Dans un contexte budgétaire contraint et qui va le rester pendant plusieurs années, sur fond de réorganisation générale des structures publiques, Matignon souhaite renforcer l’action de ces grands commis de l’État, pour en faire des chefs d’orchestre, coordinateurs des directions financières et des directions des ressources humaines ministérielles.
Objectif : garantir la maîtrise de la masse salariale tout en assurant un pilotage ajusté des carrières des fonctionnaires. L’enjeu est de taille, puisqu’il se chiffre à environ 80,6Mds€. L’idée a été soufflée cet été au chef du gouvernement par le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud. Ce dernier constate, dans un référé, que « le positionnement des secrétaires généraux reste très variable dans le domaine des ressources humaines. Le champ couvert va de la gestion des seuls corps de l’administration centrale à celle de la totalité du personnel du ministère ».
Ils sont une dizaine à coiffer cette casquette dans les structures régaliennes. Parmi eux figurent Pierre Ricordeau pour les ministères chargés des Affaires sociales, Christian Masset pour le Quai d’Orsay, Laurent de Jekhowsky pour les ministères économiques et financiers, ou encore Francis Rol-Tanguy pour les ministères de l’Écologie, du Développement durable, du Logement et de l’Égalité des territoires. Leurs compétences initiales sont variées, allant de l’inspecteur général des affaires sociales au haut fonctionnaire de défense et sécurité, en passant par le statut d’administrateur général des finances publiques.
Le projet du gouvernement, fortement inspiré par les recommandations de la Cour des comptes, consisterait à établir un socle de compétences communes aux secrétaires généraux. Tous devraient être capables de gérer le vivier de cadres dirigeants, d’élaborer les textes statutaires relatifs aux corps de fonctionnaires du ministère dont ils relèvent, ou, « à tout le moins, de coordonner leur élaboration de façon à réduire les disparités injustifiées et favoriser ainsi la mobilité ». Les intéressés devront aussi être à même de suivre les évolutions des personnels liés aux quelque 550 opérateurs de l’État, de définir et de conduire la politique d’action sociale et de veiller à la coordination interministérielle. Tout ceci se fera en lien avec les spécialistes des systèmes d’information au sein de chaque entité ministérielle.