Pour la troisième fois en trois ans, la majorité sénatoriale dépose un amendement au projet de loi de finances pour 2020, visant à porter à trois jours le délai de carence applicable aux agents publics, en cas d’arrêt maladie, au lieu d’un.
En attendant une fin de non-recevoir de la chambre basse, les porteurs du projet peuvent se satisfaire du diagnostic que pose la société de courtage en assurance statutaire, Sofaxis, observateur assidu de l’absentéisme dans la fonction publique territoriale.
Son denier baromètre, relatif à l’année 2018 et publié dernièrement, indique que l’unique jour de carence réintroduit l’an dernier, après avoir été supprimé en 2014 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a eu un impact positif sur les absences de courte durée. Le DG, Vincent Lelong, persiste et signe : c’est bénéfique.
Dans les collectivités territoriales, cette forme d’absence pour raison de santé “représente la moitié du taux d’absentéisme, soit plus de huit arrêts sur dix, près des trois quarts des agents absents et presque la moitié du coût moyen par agent”. Lequel était en 2018, de 2 134 €, en hausse de 10 % par rapport à 2017.
La contrainte financière freine aussi les indisponibilités répétitives. Résultat : le taux d’absence a stagné à 9,8 % l’an dernier. Dans le même temps, la fréquence des congés de ce genre a diminué, tombant à 58 arrêts pour 100 agents, contre 72 précédemment.
Vu sous cet angle, la surenchère sénatoriale menant à trois jours de carence paraît sensée. Mais le ministre de tutelle, Gérald Darmanin et le secrétaire d’État Olivier Dussopt ne se laissent pas tenter. Le président du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales SNDCT, Stéphane Pintre, avance une autre piste pour stopper “les interruptions de convenance”. Il suggère “des outils de contrôle pertinents”, tels que la désignation d’un médecin contrôleur placé auprès des centres de gestion. Voire, la généralisation du contrôle par les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM).
Toutefois Sofaxis note que seules des politiques de long terme pourraient venir à bout des absences de longue durée qui continuent leur progression. Les raisons, parmi lesquelles “l’avancée en âge combinée à la pénibilité des métiers et à l’usure professionnelle”, appellent des dispositifs multiformes. Le recul de l’âge de départ à la retraite va amplifier le phénomène.
Pour Vincent Lelong, les acteurs territoriaux devront allier prévention, évaluation des risques et traitement de l’usure professionnelle. Le SNDGCT propose d’imposer par tout des entretiens de mi-carrière et de créer des structures d’accompagnement souples, composées de membres des directions, de représentants syndicaux, d’agents opérationnels et des services médicaux. Bonjour la complexité.