Le gouvernement fait évoluer son dispositif de préservation des emplois au rythme de l’épidémie de coronavirus et de son impact sur l’économie. Il le fait également fluctuer en tenant compte des multiples sollicitations des organisations patronales et des revendications syndicales.
Les ajustements ne se limiteront sans doute pas aux secteurs d’activité, à l’image de l’hôtellerie-restauration, de l’assistance maternelle et du particulier employeur, pour lesquelles des dispositions complémentaires ont été prises par l’ordonnance du 22 avril dernier.
Au risque d’épuiser les experts du ministère du Travail et de donner le vertige aux DRH, de nouvelles modifications pourraient intervenir. Les multinationales tricolores qui rémunèrent à l’étranger des salariés sous contrat de droit français également exposés à l’épidémie sans frontières et soumis à l’activité partielle, tendent la sébile à l’État. La liste de ces influents employeurs est longue et l’effectif concerné conséquent. Le député LREM de Loire-Atlantique, François de Rugy, ex-président de l’Assemblée nationale, plaide leur cause.
Selon l’ancien ministre, l’exclusion de cette catégorie de travailleurs de l’indemnisation pour activité partielle “risque de peser énormément sur la charge de leurs employeurs qui ont déjà vu leur activité ralentir. Elle apparaît d’autant plus dommageable que ces salariés ont cotisé auprès de Pôle emploi expatriés”.
Son homologue LR, Marc Le Fur, défend la cause des salariés conjoints de commerçants, artisans et professions libérales. Ils perçoivent une rémunération et bénéficient du régime général en contrepartie du paiement de charges salariales et patronales.
Pourtant, ces milliers de cotisants ne bénéficient pas automatiquement de l’indemnité pour activité partielle, ni de l’assurance chômage de manière plus générale. En leur nom, l’élu des Côte d’Armor demande un ajustement.
Les requêtes qui s’accumulent sur le bureau de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, portent aussi sur les effets différés de l’activité partielle. Notamment, les indemnités journalières versées aux salariés à l’arrêt sont exonérées de cotisations sociales. Résultat : elles n’entrent pas dans le calcul de la retraite et ne permettent pas valider des trimestres. L’incidence, habituellement marginale, devient pénalisante avec la durée exceptionnelle du chômage partiel.
Plusieurs personnalités de la majorité dont Stéphane Mazars, député LREM de l’Aveyron, estiment qu’il convient de tenir compte de cette distorsion. Son analyse est promptement reprise Force Ouvrière. Le secrétaire général de la Fédération cheminots vient d’écrire au PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou pour réclamer “la compensation des éventuelles pertes” pour les agents les plus impactés.