La commission spéciale de l’Assemblée nationale sur la croissance et l’activité reprendra, le 12 janvier, l’examen préliminaire de la loi portée par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, et sept autres membres de l’exécutif. Les travaux, entamés le 16 décembre sous la présidence de François Brottes (Isère) vont maintenant avancer par thématique.
L’épargne salariale, un des sujets impliquant directement les partenaires sociaux, est restée en second plan. Même les organisations patronales et syndicales n’y accordent encore qu’une attention toute relative, privilégiant le travail dominical, la réforme de justice prud’homale, les dispositions relatives au licenciement économique ou encore la refonte de l’inspection du travail.
Auditionné le 17 décembre au Palais-Bourbon au nom de la CGT, Maxime Paul n’y a consacré que quatre phrases. « La CGT n’est pas demandeuse de la distribution d’actions gratuites. S’agissant du Perco, nous sommes opposés à une mise en place par simple consultation du personnel, sans négociation. Pour la CGT, l’épargne salariale est un sujet de négociation collective», a-t-il résumé.
Moins elliptiques, plusieurs autres syndicats restent critiques. À la CFE-CGC, Alain Giffard, secrétaire national chargé de l’économie et de l’industrie, réclame une baisse généralisée du forfait social passé à 20%. « Diminuer ce taux uniquement à l’occasion du premier accord est insuffisant. Par la suite, les entreprises intégreront cette charge dans l’enveloppe globale, au détriment des salariés ». Son syndicat suggère d’indexer le forfait à la durée du placement, voire à la qualité éthique de l’investissement.
De son côté, la CFDT regrette que le projet qui va être soumis aux députés dans quelques semaines ne tienne pas suffisamment compte des délibérations des partenaires sociaux. Le projet de l’exécutif prône un allégement fiscal sur les gains résultant d’actions gratuites. L’organisation de Laurent Berger rétorque que « les contributions patronales seront significativement réduites, sans qu’aucune contrepartie ne soit exigée ». La perspective de transférer deux fois plus de jours de congés non consommés vers le Perco ne séduit pas la CFDT. Elle estime que « la sécurité de l’épargne des salariés n’est pas garantie », avec les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), encouragés par Bercy.
Même les experts de l’épargne salariale haussent les épaules. Le président du Club de l’épargne salariale, Henri Alline, ne croit pas que 2015 sera l’année de l’envol de l’épargne collective. « L’expérience de ces 20 dernières années permet d’en douter », relativise-t-il. Il est d’autant plus sceptique que rien dans les projets ne vient satisfaire «une attente essentielle des entreprises, à savoir la stabilité fiscale et juridique de ces dispositifs ».