L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) s’apprête à régulariser une situation exceptionnelle dans le paysage social. L’une des plus importantes branches professionnelles, forte de 1,43 million de salariés, ne dispose pas d’une convention collective nationale. Elle s’appuie sur 76 textes de portée territoriale, comportant des avantages variables selon les rapports de force. Cela concerne surtout les PME.
Même pour les négociations salariales, Paris donne des recommandations, mais les instances locales du mouvement patronal l’accommodent à leur sauce, provoquant de joyeuses mêlées dans lesquelles les syndicats s’étrillent. Comme dans le Jura, où la CGT a fait barrage, en mars dernier, au nouveau régime conventionnel négocié pendant un an et avalisé par la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC. « En exerçant son droit d’opposition, la CGT montre la limite de la représentativité qui, par intérêt d’appareil syndical, va au détriment de la défense des intérêts des salariés », fulmine encore Yves Girard, secrétaire de l’Union syndicale de la métallurgie du département.
En Gironde, la CFDT, estimant que les travailleurs «méritent plus de considération», n’a pas approuvé la proposition d’augmentation des salaires de 0,5% formulée par les employeurs, alors que l’offre est de 1,1% pour le Pays basque et les Landes ainsi qu’en Dordogne.
Le patron des employeurs de la métallurgie, Alexandre Saubot, veut en finir avec ce kaléidoscope. Des discussions, entamées en septembre avec les syndicats représentatifs, se poursuivront jusqu’au 8 décembre. Un prélude à des négociations à proprement parler, qui pourraient débuter en janvier 2016, en vue d’un socle conventionnel.
Tous les négociateurs sont partants, mais visent des objectifs différents. Du côté de la CGT, Alain Hébert, animateur des territoires à la Fédération de la métallurgie, croit savoir que les employeurs « veulent faire table rase » des textes nationaux et de ceux en vigueur dans les départements pour bâtir un nouveau système, moins avantageux. Le syndicat, qui réclame depuis plusieurs années une convention collective appplicable à tous, a longuement planché sur les différents textes pour en extirper le meilleur. Le catalogue des avantages déjà constitué inclut entre autres le congé d’allaitement en vigueur en région Centre, l’avantageuse indemnisation des arrêts maladie en place en Seine-Maritime, les indemnités de panier de nuit en région Aquitaine ou les congés payés acquis pour ancienneté en Loire-Atlantique.
La CGT rêve d’un puzzle bien emboîté, en y insérant des données salariales et des éléments de prévoyance. Mais il n’est pas certain que le but de la manœuvre volontaire engagée par l’UIMM soit d’alourdir la masse salariale de ses adhérents.