L’institut Montaigne préconise d’encourager fortement les reconversions professionnelles

Navrant : la France reste l’un des pays de l’’OCDE où les salariés restent le plus longtemps au sein de la même entreprise, soit une moyenne de 11 ans d’ancienneté. Pour l’Institut Montaigne, il faut changer la donne.  Sur quels leviers faut-il agir pour résoudre ce paradoxe français et offrir à chacun la possibilité de vivre plusieurs vies professionnelles ? C’est l’objet de la note d’une soixantaine de pages que publie le think tank ce 23 février.

Intitulée  Reconversion professionnelle : pour le meilleur et pour l’avenir, Franck Morel, senior fellow au sein du think tank et avocat associé chez Flichy Grangé Avocats   (photo) formule 16 propositions « pour multiplier par quatre le nombre de formations de reconversion professionnelle en France afin d’atteindre, à moyens constants ». Autrement dit, sans dépenser davantage que le milliard d’euros, il est possible d’offrir 100 000 formations par an, quatre fois plus qu’aujourdhui.

 

Pas de miracle, il suffirait, selon Franck Morel  de suivre trois axes. Primo,   encourager et sécuriser, pour les entreprises comme pour les actifs, l’engagement dans un parcours de reconversion professionnelle ; secundo,   centrer les outils sur les personnes plutôt que sur les statuts, notamment au travers d’un CPF repensé ; terio,  faire émerger une culture de la mobilité professionnelle en France.

 

Dans le premier registre, l’Institut Montaigne recommande d’assouplir composition des jurys de validation des acquis d’expériences (VAE) et de les renouveler plus régulièrement, afin de « renforcer le lien avec les besoins des entreprises ». il conviendrait aussi de  permettre à un accord collectif d’adapter les obligations en matière d’entretien professionnel (fréquence, regroupement d’entretiens, contenus etc…) en prévoyant un abondement au CPF des salariés, utilisable pour des besoins spécifiques. En contrepartie, les pénalités dues pour le non-respect des obligations antérieures seraient remises en cas de signature d’un tel accord avant le 31 décembre 2022. Il est aussi recommandé de  promouvoir le CEP, tout valorisant l’accès numérique  via la plateforme Mon Compte Formation. Par ailleurs, une ‘analyse des mobilités professionnelles sera utilé à  l’identification des compétences transversales et transférables.

 

Dans le deuxième volet celui relatif à la refonte du CPF, l’Institut Montaigne propose de « réorienter le CPF vers des formations qualifiantes, pour lesquelles des débouchés professionnels sont bien identifiés». Les autres propositions incluent : la mise en place d’une aide spécifique pour les projets de mobilité professionnelle validé (permis de conduire, apprentissage des langues, création ou reprise d’entreprises). Elkles portent aussi sur la définition du montant individuel des crédits annuels du CPF selon le niveau de formation des actifs afin de consacrer une part plus importante de ceux-ci aux moins qualifiés.Parallèlement, il faudrait instituer un dispositif de seconde chance à destination des moins qualifiés via un abondement supplémentaire versé en l’absence de formation diplomante ou certifiante ou de changement d’emploi dans les dix dernières années.

 

Autre proposition : permettre à tout titulaire d’un CPF de verser sur la base du volontariat une partie de ses droits à un fonds dédié à l’accompagnement et à la reconversion professionnelle des moins qualifiés.  Concernant la fonction publique, il y aurait lieu de simplifier le CPF en appliquant la convertibilité en euro des heures des fonctionnaires. Dans ce contexte  le passeport des compétences digitalisé serait généralisé.

 

Le troisième bloc de propositions s’adresse précisément aux politiques publiques. Il s’agit de «  refonder la gouvernance de la reconversion professionnelle en organisant via une instance nationale la Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) de la Nation, et des déclinaisons locales sous forme de comités État-Régions ».  Dans le même temps, les pouvoirs publics devraient renforcer les mécanismes de reconversion professionnelle en tenant compte de trois besoins : besoin de l’entreprise dans laquelle des emplois sont menacés, besoin de recrutements, besoin du salarié. Tout cela s’appuierait sur un amortissement fiscal des formations longues ayant un impact sur l’emploi et dont la liste serait fixée avec les professionnels de la formation et des secteurs d’activité, branche par branche. Last but not least, Franck Morel appelle à « rendre plus efficaces les engagements développement et compétences (EDEC) sur la base d’un bilan des dix dernières années ».