Parcours : les chefs d’entreprise aussi connaissent le chômage

Selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs , appendice de l’association GSC et de la société Altares qui vient de publier les données relatives à l’année dernière, 38 670 chefs d’entreprise au « chômage » en 2022. Cela représente une hausse de 34,1 % par rapport à 2021.Après trois années marquées de crise sanitaire, les difficultés multifactorielles  telles que le remboursement des dettes COVID-19 la hausse des taux, l’inflation, la flambée des prix de l’énergie, voire les pénuries, accentuent la fragilité de  certains chefs, alors même que les assignations Urssaf n’ont pas encore repris.Anthony Streicher, Président de l’association GSC (photo), est formel  : « Chaque jour, plus de 100 chefs d’entreprise perdent leur emploi. Les chiffres de 2022 nous alertent sur une réalité que nous connaissions déjà. La reprise des procédures d’assignation de l’Urssaf en 2023 pourrait encore accélérer la remontée des défaillances déjà observée en 2022. »

 

L’âge médian des entrepreneurs impactés  est de 46,3 ans. La catégorie des « seniors » reste particulièrement exposée. Normal, plus d’un tiers des chefs d’entreprise (36,8 %) est quinqua. Le chômage frappe moins les jeunes entrepreneurs de moins de 26 ans. Seuls 929 d’entre eux  se sont retrouvés sur le carreau, soit + 31,6 % sur un an. Les trois quarts (75,2%) des entrepreneurs impactés se trouvaient à la tête d’une structure de moins de trois salariés. L’augmentation la plus forte observée vise les entreprises de plus de 50 salariés : 131 étaient concernées en 2021 contre 198 en 2022 (+ 51,1 %). Par type de statut, quelque 17 224 gérants de SARL et 14 955 de SAS étaient impactés par la perte de leur activité. Ces hausses, de respectivement 34,9 % et 55,5 % par rapport à l’an passé, s’expliquent notamment par l’augmentation des créations d’entreprise sous ce dernier statut juridique. Les artisans-commerçants, en première ligne face à la flambée des coûts énergétiques, sont 3 392 à s’être retrouvés au chômage en 2022. En outre, près de 8 entrepreneurs sur 10 (79,8% soit 17 085 personnes)  touchés se trouvaient à la tête d’une société dont le chiffre d’affaires était inférieur à 500 000 €, confirmant ainsi que les petites structures demeurent les plus vulnérables. À l’inverse, seuls 306 chefs d’entreprise déclaraient un chiffre d’affaires supérieur à 5 M€.

 

Dans un autre registre, celui des secteurs d’activité, les entrepreneurs du bâtiment sont pénalisés par les difficultés d’approvisionnement, les coûts des matières premières et la pénurie de main d’œuvre. Et cela malgré des carnets de commandes remplis. Ainsi, 8 607 chefs d’entreprise de cette branche se sont retrouvés en situation de chômage Par ailleurs, le changement de comportement des consommateurs, dans un contexte inflationniste, a un impact particulièrement fort sur les femmes et hommes exerçant dans le commerce, les services aux particuliers ou dans l’hébergement, la restauration et les débits de boisson. Ces trois activités représentent à elles seules 40 % des liquidations judiciaires en 2022. Dans le détail, 3 942 restaurateurs ont perdu leur emploi (+ 92,3 %), 1 698 commerçants garagistes (+ 29 %) et 1 288 artisans de la coiffure, soins de beauté et corporels (+ 78,1 %).  Frédéric Barth, DG d’Altares  analyse : « tombées à un plus bas de plus de 30 ans en 2021, les cessations de paiements s’envolent désormais chez les TPE mais aussi les PME fragilisées »

 

Toutes ces données  sont issues de l’analyse des entreprises, hors sociétés civiles et associations, placées directement, par conversion ou par résolution du plan en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce ou judiciaire. Ne sont pas intégrées les procédures de fermeture ou dissolution à l’amiable de même que les révocations des mandataires sociaux.