
Le baromètre Absentéisme de Malakoff Humanis (huitième du genre) insiste sur l’inhabituelle augmentation de l’absentéisme parmi les managers
Le cadre général n’est pas folichon : avec 50 % des salariés arrêtés au moins une fois dans l’année, l’absentéisme maladie atteint son plus haut niveau depuis 2016. La moitié des salariés du secteur privé- toutes tailles d’entreprise confondues – a été arrêtée au moins une fois dans l’année, une proportion jamais atteinte depuis la première édition de ce baromètre en 2016. L’absentéisme a progressé de 9 points par rapport à 2016 et de 12 points depuis 2021. Dans le même temps, la part des salariés qui s’estiment en bonne santé est en baisse depuis 3 ans (68 % en 2023 au lieu de 75 % en 2020).
Les managers comptent parmi les salariés les plus arrêtés pour maladie et enregistrent la plus forte progression cette année (+13 pts). La moitié d’entre eux se dit stressée au travail (vs 38 % pour les non-managers). Un stress qui peut s’expliquer par une plus grande difficulté à gérer les priorités (pour 54 % des managers contre 40 % pour les non-encadrants) ou un fort empiétement de la vie professionnelle sur la vie personnelle (55 % contre 27 %). Les managers sont également plus nombreux à consulter un psychologue ou un psychiatre (13 % contre 7 %).
L’étude souligne également des signes de désengagement plus forts chez les managers : 45 % seraient prêts à prendre un arrêt maladie alors qu’ils ne sont pas malades (vs 33 % pour les non-managers) et 36 % déclarent ne pas être investis dans leurs tâches (vs 25 %)[4].
Dans un autre registre, les encadrants sont en première ligne face à l’augmentation de l’absentéisme au sein de leurs équipes, tant en termes de réorganisation du travail que de prévention et d’accompagnement au retour à l’emploi. En outre, près d’un manager sur deux estime que le travail hybride et le télétravail ont rendu plus complexe leur rôle. Ils disent notamment avoir des difficultés à détecter et à gérer les situations de vulnérabilité de leurs collaborateurs ou à répartir leur charge de travail[5]. 58 % des managers seraient intéressés par des formations pour accompagner leurs collaborateurs en arrêt maladie. La moitié d’entre eux déclare être beaucoup plus vigilants pour détecter d’éventuelles fragilités, et s’adapter davantage aux attentes de leurs collaborateurs. Ils sont également plus nombreux (74 %, loin des 64 % de 2022) à prendre des dispositions pour faciliter la reprise du travail d’un salarié après un arrêt long : entretien de pré-reprise, aménagement des horaires ou du postes, évolution de leur mode de management).
Dans plus de 8 cas sur 10, les salariés ont ressenti des signes avant-coureurs au cours des deux années précédant leur arrêt long : une fatigue excessive (47 %, +8 pts) ou une surcharge de travail (40 %, +8 pts).
Selon les salariés, la prévention de l’absentéisme passe avant tout par une évolution de l’organisation du travail (34 %).Pour les dirigeants, la sensibilisation et la formation des salariés et des managers aux problèmes de l’absentéisme sont les meilleurs leviers pour le prévenir (29 %).
Également interrogés dans ce baromètre, les médecins du travail et les médecins traitants plaident pour un meilleur dialogue entre les différentes parties prenantes. L’accompagnement des fragilités sociales (61 %), la prévention santé (50 %), et l’amélioration de la coordination médicale et de l’accès aux soins pour accélérer la prise en charge du patient (66 %) comptent parmi les solutions qu’ils identifient pour maîtriser l’absentéisme maladie. Enfin, pour faciliter un retour durable au travail et prévenir le risque de désinsertion professionnelle, 60 % des médecins du travail proposent le temps partiel thérapeutique après un arrêt long.
27 % des dirigeants anticipent une augmentation des arrêts maladie dans les deux années à venir, augmentation qu’ils lient principalement à la hausse des situations de fragilité des salariés (51 %, un chiffre en hausse de 24 points par à rapport à 2021), à la diminution de l’engagement des salariés (pour 51 % d’entre eux) et à l’augmentation de l’âge moyen des salariés (38 %, +15 pts par rapport à 2021). Ce chiffre sur l’engagement corrobore les résultats de la précédente étude de Malakoff Humanis sur l’engagement des salariés qui établit un lien concret entre absentéisme et désengagement.