
Couramment peu ou non qualifiées, les salariées des services à la personne se situent au croisement d’inégalités liées au genre, à la classe sociale et à l’origine. La Défenseure des droits et l’Organisation internationale du Travail (OIT) leur consacrent cette année le baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi. Les résultats sont désolants.
Le rapport est catégorique : « Le secteur des services à la personne se caractérise par une forte ségrégation professionnelle ».. Près d’un quart de l’effectif (23 %) déclare avoir déjà vécu une situation de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière. Près d’un tiers rapporte y avoir été confronté à plusieurs reprises.
L’étude met notamment en évidence une surexposition des travailleuses des services à la personne d’origine étrangère, non-blanches, aux discriminations. Près d’une salariée sur deux parmi celles qui sont nées à l’étranger a vécu une discrimination ou un harcèlement discriminatoire dans le cadre professionnel. La proportion est deux fois plus importante que pour leurs homologues blanches.
Une victime sur quatre garde le silence par peur d’éventuelles représailles, se contentant d’aviser des proches. Seulement deux tiers (67 %) des travailleuses victimes de discrimination dans ce secteur en ont parlé ou ont entrepris des démarches à la suite des faits (contre
« Pourtant, les conséquences de ces discriminations sont extrêmement délétères pour les victimes. Dans le secteur des services à la personne, les sentiments de colère, de peur, de tristesse et de honte affectent souvent les individus ayant vécu une discrimination dans l’emploi, parfois longtemps après les faits », souligne le baromètre. Après avoir vécu une discrimination, près de 70 % des professionnelles du secteur reconnaissent avoir traversé une période où leur santé mentale s’est dégradée (tristesse, fatigue, dépression, isolement ou peur, sentiment d’isolement) et 38 % ont subi des répercussions psychologiques sur le long terme.
Pour la Défenseure des droits, Claire Hédon, « Ces constats doivent inspirer notre action pour la promotion de l’égalité. La crise sanitaire a montré que ces métiers de « première ligne » sont largement invisibles. Je souhaite que les acteurs du secteur et les pouvoirs publics se saisissent de ce baromètre pour apporter reconnaissance et protection à celles qui prennent soin et viennent en aide ».