Un geste de générosité peut-il vous coûter votre emploi ? C’est la question soulevée par une affaire survenue à l’aéroport de Marseille-Provence en mars 2025. Quatre employés de Starbucks et Prêt-à-Manger ont été licenciés pour avoir distribué des invendus alimentaires à des sans-abris et au personnel de ménage. Ces salariés ont désormais saisi les prud’hommes pour contester cette décision.
L’affaire de l’aéroport de Marseille: chronologie d’un licenciement controversé
En mars 2025, quatre salariés travaillant pour Starbucks et Prêt-à-Manger à l’aéroport de Marseille-Provence ont reçu leur lettre de licenciement pour avoir distribué des produits invendus à des sans-abris et au personnel de ménage.
Cette affaire, médiatisée à partir du 14 avril, a rapidement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Les salariés concernés ont engagé une procédure devant les prud’hommes pour contester ce qu’ils considèrent comme un licenciement abusif.
Astuce en + : Si vous êtes témoin de pratiques similaires dans votre entreprise, documentez soigneusement toute directive verbale concernant la gestion des invendus pour vous protéger en cas de litige.
Des pratiques encouragées ou sanctionnées?
Les quatre salariés licenciés affirment que la distribution d’invendus au personnel de ménage s’inscrivait dans un arrangement tacite encouragé par la direction. Selon leurs déclarations, cette pratique relevait d’un mécanisme informel : des repas contre des services de nettoyage.
Ce système aurait été mis en place pour pallier l’absence de prestataire officiel pour certaines tâches spécifiques. Les employés soutiennent qu’ils agissaient conformément aux instructions verbales de leurs supérieurs.
Du côté des employeurs, la justification du licenciement repose sur la violation du règlement intérieur. Les enseignes considèrent que la distribution de produits, même invendus, constitue une faute professionnelle.
Ce que dit vraiment la loi sur la récupération des invendus
Yves Nicol, avocat spécialisé en droit du travail au barreau de Lyon, apporte un éclairage juridique sur cette situation. Selon lui, ce type de contentieux est relativement fréquent devant les conseils de prud’hommes.
“Le cadre juridique de ces situations repose généralement sur le règlement intérieur de l’entreprise”, explique-t-il. “Ce document définit l’échelle des sanctions applicables selon la gravité des faits.”
Concernant la récupération des invendus alimentaires destinés à être jetés, l’expert précise que “les employés ont le droit de récupérer ces produits sous certaines conditions” :
- La récupération doit se faire en dehors du temps de travail
- Les bennes ou lieux de stockage des déchets doivent être accessibles
“Dans ces conditions, l’employeur ne peut légalement s’y opposer”, confirme Maître Nicol.
Notre conseil déco professionnelle : Les entreprises de restauration devraient mettre en place une politique claire concernant les invendus, idéalement en privilégiant des partenariats officiels avec des associations caritatives.
La question du “travail dissimulé” dans cette affaire
L’aspect le plus problématique réside dans l’échange “nourriture contre service” évoqué par les salariés. Si cette pratique a été mise en place sur instruction de l’employeur, elle pourrait être qualifiée de travail dissimulé.
“Si les employeurs ont effectivement encouragé cette pratique, ils s’exposent à des poursuites”, analyse Yves Nicol. Pour prouver cette instruction, des témoignages seraient nécessaires, notamment de la part du personnel de ménage.
Des cas similaires qui se multiplient
L’affaire de Marseille n’est pas isolée. D’autres exemples similaires existent : employés licenciés pour avoir récupéré des aliments destinés à être jetés ou pour avoir accordé de petites remises.
“Ces contentieux sont fréquents devant les conseils de prud’hommes”, confirme Yves Nicol. “Les jugements varient considérablement selon les circonstances et la politique de l’entreprise.”
L’essentiel
L’affaire des quatre salariés licenciés à Marseille illustre la tension entre règlements d’entreprise et considérations éthiques. Si la loi reconnaît certains droits aux employés concernant la récupération des produits destinés à être jetés, elle impose des conditions strictes.
Pour naviguer dans ce contexte juridique complexe :
- Consultez le règlement intérieur de votre entreprise concernant les invendus
- N’agissez jamais sans autorisation écrite lorsque vous distribuez des produits
- Privilégiez les circuits officiels pour lutter contre le gaspillage
- Documentez toute instruction verbale de votre hiérarchie
L’issue de la procédure prud’homale engagée par les quatre salariés dépendra largement des preuves qu’ils pourront apporter concernant l’encouragement présumé de la direction à cette pratique informelle.