Avec la réforme des retraites, permettre aux seniors de choisir leur rythme d’activité

Février 2023 marque l’accélération des manifestations sur la réforme des retraites. D’un côté, la rue démontre par sa mobilisation, de jeunes en particulier, son opposition à la réforme. De l’autre, le gouvernement cherche à imposer cette réforme jugée facultative par le Conseil d’Orientation des Retraites, qui prédit un équilibre du système en place pour les décennies à venir. Fait rare, les jeunes et les anciens font cause commune dans l’opposition. Ces mêmes jeunes et seniors qui ne se croisent pas dans le monde du travail. Pourtant, les transferts de compétence et d’expérience sont fertiles et la porosité entre générations est théoriquement encouragée. Est-ce une différence de culture trop marquée ? La doxa est catégorique : les vieux Boomers ne comprendront jamais ces Digital Natives biberonnés aux écrans. Cette opposition de génération est-elle induite par la société ? ou par les entreprises ?

 

Plusieurs groupes du CAC40 considèrent leurs salariés « Seniors » à 45 ans. Formations plus rares, progression ralentie voire stoppée, la dernière étude de l’INSEE-DARES démontrait déjà un décrochage massif dans l’accès aux formations dès 52 ans, alors que 25% de la carrière reste théoriquement devant soi. La France est en queue de classement Européen sur l’âge moyen de sortie du travail. L’OCDE démontre en 2019 (dernière statistique disponible) que la France est le pays d’Europe qui « libère » ses Séniors le plus tôt. A 62,6 ans, soit 2 années plus tôt qu’en Allemagne. Par conséquent, le taux de chômage des 55-64 ans est 2 fois plus élevé en France qu’en Allemagne (respectivement 6,1% et 2,9%).  Les allocations chômage couvrent alors cette période de pré-retraite subie à la place des caisses de retraite.Ces talents gâchés professionnellement le sont aussi sur un plan personnel. Chacun connaît autour de soi un profil talentueux, mis à l’écart de l’emploi à ses dépens et parfaitement apte à occuper une position managériale, de production de service ou autre. 

 

L’acceptation doit venir de cette nouvelle génération, talentueuse, en recherche d’équilibre pro-perso. La génération du télétravail généralisé, du retour aux villes moyennes, refusant le dogme passéiste du Up or Out. A eux et à nous ensemble de permettre ce retour de la génération sortante alors que la guerre des talents fait rage et les difficultés à embaucher sont croissantes. Rendons plus progressive la sortie du monde du travail. Permettons aux seniors des retours en entreprise sur des périodes de temps choisis ensemble. De trop rares initiatives (dont Qlower) font état de collaborations durables entre juniors-seniors, sur la production de services, de conseil. La valeur expérience, la valeur savoir-faire sont démontrées face à un risque quasi nul pour l’entreprise. Permettre à un sénior de cotiser de nouveaux trimestres tout en préservant sa pension de retraite. Commençons à aménager les esprits à ce retour choisi à la vie active et permettons aux Seniors d’exercer leurs talents et d’apporter une valeur ajoutée fruit de décennies d’expérience.

 

Aujourd’hui, on peut retrouver jusqu’à 4 générations au sein d’une entreprise et elles ont une relation très différente au temps de travail, à l’organisation ou encore au management. Consacrons un temps d’adaptation pour appréhender différemment le management intergénérationnel et tisser un lien entre ces profils. Chaque génération apporte sa propre culture et ses propres codes, et chacun doit pouvoir apporter son savoir-être et son savoir-faire. L’enjeu est commun : relever le défi de la performance économique et de la qualité de vie au travail. Le « travailler ensemble » prend tout son sens actuellement et il est enrichissant et créateur de valeur pour l’entreprise. 

 

Christophe Duprat, CEO de Qlower  (gestion, comptabilité et fiscalité des investissements immobiliers)